Monsieur Cagole

Patrick Poivre d'Arvor

Depuis l’âge de cinq ans, Monsieur Cagole est atteint d’un eczéma incurable. A quarante ans, il vit en permanence cagoulé, ganté, et ainsi, se cache, se protège du regard des autres. La tendresse, il la trouve auprès de son cheval qui ne voit pas son visage craquelé et ses mains rongées par « les cafards » de l’eczéma. Son cheval décède un jour où il neige, un jour où il pourra sortir, ganté et cagoulé, sans se faire remarquer. Seul, perdu sans le seul être qu’il aimait, Monsieur Cagole laisse tout derrière lui, quitte sa maison et se fait engager comme palefrenier dans un cirque.

Il découvre « l’âme » du cercle magique où s’incarne le rêve autour duquel gravitent les artistes comme autant de planètes multicolores, singulières, dont l’existence est consacrée à ce pôle mystérieux. Un univers éphémère, presque impalpable, un espace de liberté absolue où tout est à reconstruire et à imaginer, où tout est possible puisque rien ne s’y fige, le cirque. Le cirque accepte Monsieur Cagole et « ses cafards ». Monsieur Cagole raillera son amertume et travaillera une reprise de clown pour la présenter en spectacle. Cependant, après cette représentation réussie, réalisant que sa peau ne peut supporter le maquillage, il voudra se suicider. Sauvé par Emilio, lui aussi écuyer, il recevra régulièrement par la suite des lettres d’amour non signées. Le bouclier de « cafards » de Monsieur Cagole tombera peu à peu, le laissant nu et apeuré, puis de moins en moins apeuré, jusqu’à être prêt à aimer et être aimé. Il sortira de cette spirale du malheur dans laquelle il vivait depuis quarante ans par sa faute et non la faute des autres comme il l’imaginait.

J’aime ce livre. Profondément. Peut-être parce que le cirque me fascine depuis toujours. Peut-être parce que j’ai travaillé avec Fellini et Tati qui venaient du cirque comme Buster Keaton et tant d’autres. Et puis, c’est bien ; c’est très bien écrit. Souvent en le lisant on a la gorge serrée. Le personnage de Cagole nous émeut et son drame est un peu le nôtre ; celui de ceux qui ne sont pas rongés par l’eczéma, mais c’est tout comme. Notre eczéma, c’est d’être seul, avec nos rêves que personne ne partage. Monsieur Cagole est celui des solitaires qui tout au long de leur vie cherchent ceux qui sont comme eux et ne les trouvent pas. Monsieur Cagole aime le cirque et le cirque le lui rend bien. Cette complicité nous fait voyager loin des conneries mesquines, loin du monde pervers et pourri, là-bas… Les rapports avec tous ces êtres écorchés réunis dans des roulottes sont si vrais que l’on a l’impression d’être dans une roulotte nous aussi. La lente résurrection de Monsieur Cagole vers la vie, la lumière et le bonheur, est magnifiquement racontée. Ses angoisses, sa peur, son courage aussi alimentent l’espoir pour tous, et c’est une leçon de ténacité qui force l’admiration. Que le plus malheureux d’entre nous y puise le courage de vivre…

Le destin de Claude Dufour, « Monsieur Cagole », est celui des solitaires qui tout au long de leur vie cherchent ceux qui sont comme eux et ne les trouvent pas. Monsieur Cagole aime le cirque et le cirque le lui rend bien. Cette complicité nous fait voyager loin des conneries mesquines, loin du monde pervers et pourri, là-bas… Les rapports avec tous ces êtres écorchés réunis dans des roulottes sont si vrais que l’on a l’impression d’être dans une roulotte nous aussi. La lente résurrection de Monsieur Cagole vers la vie, la lumière et le bonheur, est magnifiquement racontée. Ses angoisses, sa peur, son courage aussi alimentent l’espoir pour tous, et c’est une leçon de ténacité qui force l’admiration. Que le plus malheureux d’entre nous y puise le courage de vivre…

Jean-Pierre Mocky

Michel Archimbaud, éditeur associé aux plus grands : Le Seuil, les éditions des Belles Lettres, Séguier, Laffont… est également éditeur d’estampes, entre autres de Bacon, Balthus, Debré, Botero, et d’illustrations signées Sempé…

« Le livre de Karol Rouland parle d’Amour, d’une manière simple et originale, dans un univers singulier qu’elle connaît bien : le cirque. Ecrit avec une grande justesse et beaucoup de sensibilité, « Monsieur Cagole » est un roman poignant, émouvant, qui fait rêver. Pour toutes ces raisons, j’ai eu envie de le défendre et l’éditer. »

Michel Archimbaud